Un supplément omniprésent
S’il existe en ce XXIe siècle un ennemi commun à toutes les civilisations occidentales, plus virulent qu’un virus et plus terrorisant qu’un hirsute terroriste, c’est bien le sucre. Bien que ses méfaits soient communément acceptés, il figure haut placé dans la liste des ingrédients de nombreux produits. Quelle en est la raison ? Alors que certains sont par essence des mets salés, pourquoi s’obstiner à le caser dans tant de casse-croûtes ?
S’il n’est pas sain, pourquoi l’utiliser ?
La réponse la plus évidente est que le sucre est un rehausseur de saveur, un goût familier donnant au consommateur un point de repère par rapport à ses consommations passées. Une personne habituée à dévorer des biscuits, même si elle a objectivement des préférences entre les marques, pourra facilement passer d’un produit à l’autre sans pour autant abandonner cette saveur activant tant de papilles. C’est une valeur gustative sûre. Elle permet également de donner du caractère à un aliment qui sans cet ajout serait assez insipide. On mangera plus volontiers une part de gâteau qu’une tranche de pain (en dehors de toute considération diététique).
La seconde raison, moins évidente, est que le sucre est un excellent conservateur. Ce fait est bien connu depuis des générations : en ajouter à des fruits pour faire de la confiture, par exemple, permet un stockage à long terme sans encourir le risque que la denrée ne se gâte.
Chimiquement parlant, ceci s’explique par le fait que le sucre, tout comme le sel d’ailleurs, a la propriété de se lier à l’eau naturellement présente dans les ingrédients. De ce fait, cette même eau n’est plus disponible pour favoriser la prolifération des bactéries. Ceci permet aux industriels de faire d’énormes économies grâce à des produits pouvant passer des mois—voire des années—dans un hangar de stockage ou dans les rayons des grandes surfaces.
Enfin, et ce troisième argument rejoint d’une certaine manière le premier, le sucre est hautement addictif. Il serait vain de la comparer à des drogues dures comme de nombreux scientifiques l’ont fait ces dernières années, mais le fait est que le cerveau humain est bien friand de cette autre poudre blanche, et le sucre raffiné largement présent dans le monde de l’agroalimentaire donne à ce gros organe de quoi se rassasier en quelques minutes : là où le sucre naturellement présent dans les fruits et les céréales verra son assimilation ralentie par les autres groupes de macronutriments présents (lipides et protéines) et par les fibres, le sucre industriel passera de manière quasiment immédiate dans le sang du consommateur, lui procurant une gratification instantanée.
Le sucre blanc, un anti-aliment
Mais voilà, malgré ces avantages qui avouons-le arrangent principalement les industriels, le sucre « blanc » n’a pas beaucoup d’atouts pour le consommateur final. En dehors de ses méfaits les plus connus, comme l’obésité, les caries ou les montagnes russes glycémiques, il est également un désert de micronutriments. Bien que le sucre soit aussi naturellement présent dans les aliments, ce dernier y est associé à des minéraux, des vitamines, des acides aminés et autres particules nécessaires au développement et à la survie harmonieuse des individus le consommant. Les denrées alimentaires contenant naturellement du sucre sont donc plus ou moins riches en fibres, une source de satiété non négligeable. Il sera donc plus difficile en consommant ceux-ci de faire exploser le compteur calorique.
Le saccharose (nom scientifique du sucre blanc) est exempt de micronutriments et n’apporte rien au corps en dehors d’un nombre certain de calories qui seront absorbées si rapidement qu’elles se verront dans la plupart des cas transformées en lipides pour utilisation ultérieure. Ces cellules adipeuses, en quantité suffisante, s’accumuleront aux emplacements habituels pour contrer toute tentative de « summer body » en cours.
Un mal facilement contournable
Comme vous l’avez compris, il sera difficile d’avoir une alimentation saine et sans sucres ajoutés en achetant simplement les produits paraissant les plus attrayants. Cependant, en payant un minimum d’attention à la liste des ingrédients, et en évitant à tout prix ceux dont la composante principale et ledit sucre, vous pourrez progressivement emprunter la voie de la vraie saveur : celle des goûts aussi nombreux que délicieux que la nature à mis à notre disposition.